DUNOYER AU MUSEE DE ST PAUL

 

 Avec avec l'Office de Tourisme de Saint Paul de Vence

Exposition Exceptionnelle de Jacques Michel Dunoyer au musée de Saint Paul de Vence

du 12 avril 2014 au 22 juin 2014 

 

 

Après la magnifique exposition de Marc Chagall tout l'hiver

Le musée de Saint Paul accueillera les plus belles oeuvres de Jacques Michel Dunoyer, artiste emblématique du village qui nous a émerveillé pendant plus de 30 ans avec ses représentations impressionnistes de la nature environnante de Saint Paul

Le vernissage sera organisé le 12 avril 2014 (uniquement sur invitation) : 17h00 vernissage au Musée Saint Paul, rue Grande, 18h30 à l'Auditorium, discours du Maire de Saint Paul de Vence, de Mr Olivier Sambucchi (Directeur Général Adjoint pour la Culture, ville de Nice) suivi d'une petite conférence de Claire Chapelier, 19h00 Concert en hommage à l'artiste, 20h00 Cocktail.

 

 

Saint Paul Galerie sera ouverte a cette occasion permettant aux visiteurs de pouvoir acquérir les dernières oeuvres disponibles de l'artistes

Musée de Saint-Paul, 2 rue Grande 
Ouvert tous les jours du 20 juin au 30 septembre 
de 10h à 19h et du 1er octobre au 28 février de 10h à 18h. Entrée libre

 

 

Jacques Michel DUNOYER
Peintre des fleurs, peintre des paysages 

" Il y a un charme dont je suis le filtre, cela vient d'ailleurs ".

Cette phrase du peintre Jacques Michel DUNOYER traduit l'inspiration et les aspirations de cet artiste qui vient soudainement de disparaître.

SAINT PAUL DE VENCE vient de perdre l'un des peintres de son Ecole, qui avait posé ses chevalets dans la célèbre cité médiévale et qui, désormais, repose dans son petit cimetière, figure de proue du village.

Après une enfance déracinée et une jeunesse fantasque parsemée de folles rencontres, décisives comme un coup de dés, Jacques Michel DUNOYER, enfin apaisé, a vécu dans la discrétion, se consacrant tout entier à sa passion : il cherchait avant tout à faire partager l'émotion ressentie devant la nature et à communiquer son goût pour l'harmonie.

D'une grande modestie allant jusqu'à l'effacement, toujours tenaillé par le doute mais voulant se mesurer seul avec son destin, il avait choisi pour rencontrer directement le public, d'ouvrir son atelier, situé depuis 30 ans dans la Rue Grande à SAINT PAUL DE VENCE.

Il y accrochait lui-même ses toiles et guettait les premiers commentaires en se cachant, tel un enfant qui ne veut pas se faire surprendre.

De l'enfant, il avait su garder l'âme qui lui procurait, comme au premier jour, fantaisie mais aussi, émerveillement et bonheur devant un paysage, un bouquet de fleurs.

Jacques Michel DUNOYER, fuyant les honneurs et le tumulte de la célébrité a su toucher de nombreux amateurs anonymes mais aussi séduire des connaisseurs et de célèbres collectionneurs, par la seule force de son art et par le romantisme de ses toiles.

Il s'en est toujours étonné et cette reconnaissance n'a jamais interrompu sa quête de l'amour des autres, cet amour qu'il savait si bien cultiver autour de lui, repoussant les conflits, et qu'il avait su construire en famille. Il aimait à dire : " dur avec moi-même mais tendre et indulgent avec les miens " .

Ses amis disent de lui qu'il était un romantique emprunt d'un esprit chevaleresque, qu'il se conduisait en vrai " gentilhomme " .

Il considérait qu'il avait beaucoup de chance de pouvoir peindre " qu'il était béni de Dieu " ; c'est pour cette raison qu'il ajoutait à sa signature sur ses toiles, un A comme AMADEUS.

Jacques Michel DUNOYER qui s'est éteint en pleine maturité de son art, a aujourd'hui rejoint cette nature qu'il aimait tant et qu'il a peint sans relâche.

 

 

Jacques Michel DUNOYER

- SA VIE :

Jacques Michel DUNOYER est né le 20 Juin 1933 dans le Nord, à Arras.

Son père était contremaître dans une usine d'horlogerie et sa mère qui s'adonnait à la musique, était premier prix de violon au conservatoire de la ville.

La guerre contraint sa famille à tout quitter, à tout abandonner, et la conduit derrière la ligne de démarcation, jusqu'à Marseille.

Fils unique, enfant solitaire et rêveur, à l'esprit indépendant, il s'intéresse très jeune à la poésie et à la philosophie, ALAIN, RIMBAUD, VERLAINE, lectures que les Jésuites, chez lesquels il suit sa scolarité, lui reprocheront.

En avance sur son temps, Jacques Michel DUNOYER se passionne pour la science des plantes et des abeilles, notamment pour le bien-être du corps mais aussi de l'esprit, il tente de comprendre d'où viennent les énergies, est captivé par la puissance de la nature, prémisses de la passion qu'il rencontrera à la peindre plus tard.

A cette époque toutefois, rien ne le prédestine à la peinture puisqu'il entame des études de droit.

Sa rencontre avec l'amour pour une jeune artiste peintre, avec laquelle il se marie à 19ans, va transformer son destin : il abandonne ses études et , pour aider sa femme et ses amis artistes à vendre leurs œuvres, il parcourt toutes les galeries où il laisse en dépôt-vente les toiles, démarche alors très nouvelle.

Il devient père, d'un petit garçon - Patrice - né en 1955 et monte une galerie d'art sur la Cannebière, rassemblant avec difficultés mais opiniâtreté les fonds nécessaires. Ce fut un succès.

Tandis que son épouse s'était absentée, il se hasarde, pour assurer une commande, à peindre lui-même quelques bouquets de fleurs.

Révélation : à l'unanimité, son entourage l'encourage car tous décèlent son talent naissant et lui, découvre aussitôt qu'il se met à peindre, qu'il ne pourra être rien d'autre qu'un artiste.

Son chemin croise alors celui de Claude CELERIE, une femme mannequin très en vue, qui fréquentait et connaissait beaucoup d'artistes.

Celle-ci aime ses toiles et l'encourage à les montrer à l'un de ses amis : le célèbre marchand d'art, Monsieur DROUANT. Jacques Michel DUNOYER, plein d'incertitudes quant à ses créations, s'enhardit et se présente muni de quelques toiles, à sa porte.

Monsieur DROUANT, un peu surpris par cette démarche inopinée mais intéressé par les peintures qui lui sont présentées, prodigue à Jacques Michel DUNOYER de précieux conseils et sera le véritable détonateur de sa carrière.

Jacques Michel DUNOYER divorce et entame alors un périple qui le conduira à SAINT PAUL DE VENCE en 1964 où il découvre la Colombe d'Or, le Chat Noir et rencontre d'autres artistes.
Coup de foudre avec le petit village médiéval, et il décide aussitôt de s'y installer ; il loue au sculpteur Léon de PAS, une bergerie sans eau ni électricité dans laquelle il mène alors une vie de bohème avec des moutons et un chien.

Il loue également un petit atelier dans Saint Paul - où à l'époque il n'y avait que quelques galeries - y expose ses cinq premières toiles, qu'il vend en totalité par un affreux jour pluvieux.

Encouragé par ce succès, dont il est toutefois surpris, il se cherche et peint avec acharnement, portraits, danseuses, bouquets de fleurs, il participe à une première exposition avec d'autres artistes de l'Ecole de Saint Paul, TOBIASSE, COIGNARD, ATLAN, VERDET et bien d'autres.

Il vit tel un chevalier en s'éclairant à la bougie et, pour l'amour du panache, un peu comme un défi, s'offre avec ses premiers gains une Bentley (rachetée à l'empereur BAO-DAI) pour transporter ses toiles.

Il lit Cyrano et aime à en reprendre des citations : au sujet de son habit de peintre toujours plein de tâches il répond : " moi, c'est moralement que j'ai mes élégances ".

Jeune artiste fantasque, son chemin croise en 1964, celui de Pierre VOUZELLE D'ALBRET, aristocrate du même âge que lui, qui lancera le peintre VALADIER.

Pierre VOUZELLE D'ALBRET est charmé par ce personnage atypique et lui propose de prendre sa carrière en mains.

En 1965, il lui organise une exposition dans la galerie GARNELLE, Bd de la Tour-Maubourg, où il convie le tout Paris de l'art, de la politique et des affaires.

Ce " one man show " rencontre un vif succès et lance le peintre Jacques Michel DUNOYER qui se consacrera dès lors, à la peinture de paysages et de fleurs.

Une jeune femme avait accompagné l'une de ses amies au vernissage mais elle n'avait pu rencontrer l'artiste, tant il y avait de monde.

Cette rencontre se fera quelques jours plus tard, et Jacques Michel DUNOYER reconnaît dans cette jeune personne, celle dont il avait fait le portrait quelques années plutôt, sans la connaître.

Il tombe immédiatement amoureux de Gwendoline qui succombera au charme d'un jeune homme si fantaisiste qu'il n'a pas hésité à réveiller en pleine nuit un bijoutier, pour lui offrir une bague en lui déclarant sa flamme.

Dans la signature de l'artiste apparaît alors, la lettre G pour Gwendoline, à côté de J M pour Jacques Michel.

Jacques Michel DUNOYER décide de rester à SAINT PAUL DE VENCE, de ne compter que sur lui-même " ne pas monter bien haut, mais y monter tout seul " et emprunte pour créer son atelier, installé depuis 30 ans au numéro 28 de la Rue Grande.

Tout entier tourné vers les autres, généreux dans la vie comme dans sa peinture, il y recevra de jeunes artistes, qu'il saura encourager.
Robert WAGNER et Nathalie WOOD, entrent dans la galerie et achètent plusieurs toiles. Ils rencontrent Jacques Michel DUNOYER et son épouse avec leur fille, Géraldine, dans leur bergerie.

En rentrant en Californie, ils demandent à Peter SHORE, le décorateur du tout Hollywood, d'organiser chez eux une exposition pour faire connaître ce jeune peintre si attachant.

Tout ce qui compte alors dans le cinéma est convié et Jacques Michel DUNOYER vend ses toiles aux U.S.A. Il fera par la suite une très belle exposition à la Deligny Art Gallery à FORT LAUDERDALE, en 1974, puis sera exposé à partir des années 90 à CARMEL, la galerie HOWARD PORTNOY.

Au contact de sa femme, Jacques Michel DUNOYER trouve sérénité et équilibre, un second enfant naît - CEDRIC - et il devient de plus en plus réceptif à sa quête d'harmonie.

Sa peinture à cette époque est très nostalgique, des sous-bois d'automne, des étangs de Sologne, exempte de toute vie ou trace de vie. Il n'aura dès lors de cesse, dans l'ombre et la discrétion, d'être un magicien solitaire qui montre aux autres comment chantent les arbres, le ciel, les fleurs et l'eau.

En 88, à un mois d'intervalle, Jacques Michel DUNOYER perd ses parents et subit un tel choc émotionnel qu'il cesse de peindre quelque temps.

Il entame une démarche mystique, communie avec ses défunts parents et ajoute à sa signature leurs initiales L et MT suivis d'une croix.

Sa peinture change alors d'orientation, sa palette s'éclaircit, l'espace se rétrécit,
il peint des lieux plus intimes et les petites maisons aux volets bleus et les jardins anglais apparaissent dans son œuvre.

A partir de cette époque, il peint sur la musique de Mozart, et plus particulièrement sur les concerti pour piano, son pinceau est guidé par les mélodies, rythmé par des cascades de notes, à la fois graves et légères qu'il traduit par autant de touches de couleur.

En hommage à ce musicien qui a transformé sa peinture, qui a su accompagner et transcender sa peine, il ajoute un A comme AMADEUS à la fin de sa signature.

Jacques-Michel Dunoyer, s'il n'avait pas été peintre, aurait voulu devenir chef d'orchestre et ceux qui ont eu la chance de le voir peindre, ont dû être frappé par sa façon de mouvoir sur la toile son pinceau comme la baguette du chef d'orchestre.

Peu de temps avant de s'éteindre, il dira :

" Ce serait dommage que je meurs maintenant car j'ai enfin trouvé la lumière sur mes toiles. "

 

Jacques-Michel DUNOYER

- SA PEINTURE :

INSPIRATIONS :

A ses débuts, il peint des danseuses à la DEGAS, des portraits, des scènes de genre, des fleurs et des paysages.
Très tôt, il communie avec la nature qui devient sa principale source d'inspiration et devient chasseur de paysages pour en interpréter l'émotion.
Il parcourt la France à la recherche d'étangs, de sous-bois, de champs de
bruyères qu'il trouvera en SOLOGNE, région de prédilection de ses débuts ; il en décline l'automne et l'hiver dans des teintes sourdes et mates, à dominante de roux.
Installé dans le Sud de la France, la Provence l'inspirera également, mais plutôt pour ses couleurs de terre brûlée.
Dès les années 80 il affectionne les petites rivières, le marais Poitevin pour traduire le jeu des reflets, du ciel de l'eau.
En 1988, à la mort de ses parents, il découvre Mozart et les jardins anglais à JERSEY et GUERNESEY, ses sujets deviennent plus intimistes, plus focalisés, allant jusqu'à représenter un pan de mur, toujours fleuri, ce qui n' existait pas dans sa peinture jusqu'alors.
Il découvre la Normandie et la dominante devient verte, sa palette s'éclaircit et s'enrichit de beaucoup plus de couleurs.
Peintre assidu au regard aiguisé sur la magnificence de la nature, il tente d'en capturer l'âme ; pour lui, le travail de l'artiste est de tenter de renvoyer l'émotion ressentie par le peintre.
Mais être peintre c'est aussi faire et défaire, décider d'enlever un arbre, de rajouter une fleur ; il se doit de figer l'instant, d'empêcher le jardin de se faner, de conserver l'harmonie parfaite.


TECHNIQUE :

Totalement autodidacte, Jacques Michel DUNOYER prépare lui-même ses toiles, choisissant avec soin son support.
Il trace d'abord les contours au fusain puis, à la grosse brosse, pose les fonds très légers comme des lavis.
A ses débuts, il peint surtout au couteau et dans le frais utilisant la même touche " impressionniste " pour l'ensemble du tableau.
Par la suite, il utilisera plus le pinceau et ajoutera des touches en aplat pour traduire instinctivement les glacis et les opalescences qu'utilisaient les maîtres de l'Ecole du Nord, pour l'eau et le ciel.
Il travaille en plusieurs couches et laisse sécher sa toile aux différents passages.
Il y a toujours deux recherches dans ses toiles : pour ce qui est en aplat, une recherche en transparence " glacis " et pour tout ce qui est végétal, une touche vibrante " impressionniste ", créée par plusieurs passages de couleurs et non par juxtaposition de couleurs pures, sans mélange sur la palette, comme le faisaient les impressionnistes.
Ainsi, dans la peinture de Jacques-Michel DUNOYER, une couleur sera composée de plusieurs touches posées les unes sur les autres.
La mise en lumière de la toile est donc très importante pour révéler ce travail et le tableau vit et varie selon les éclairages, comme au rythme du jour...


JACQUES MICHEL DUNOYER

OU LA PROMESSE DU BONHEUR

S'il fallait d'un mot caractériser l'œuvre de Jacques Michel Dunoyer qui vient de nous quitter, je n'hésiterais pas longtemps : Jacques Michel DUNOYER ou la poésie bien sûr, Jacques Michel DUNOYER ou l'harmonie sans doute, mais surtout Jacques Michel DUNOYER ou le bonheur, Jacques Michel DUNOYER ou la promesse du bonheur.


Il semble bien que le bonheur que dans sa vie l'homme savait répandre autour de lui, c'est l'artiste qui le lui procurait. Et l'artiste, c'est dans son œuvre, sa vie durant, qu'il cherchait et puisait inlassablement ce bonheur.


La douceur harmonieuse de ses paysages, l'omniprésence de myriades de fleurs, la constellation de couleurs rares comme des pierreries, l'absence absolue d'angles ou de lignes tranchantes mettent celui qui se laisse emporter par cette œuvre sur le chemin d'un bien-être proche de la félicité et peut être d'une certaine béatitude.


Cet univers de bonheur, Jacques Michel DUNOYER semble avoir voulu le peindre comme s'il avait décider de consacrer sa vie entière à repeindre toujours le même tableau dans une quête éperdue d'absolu, par une longue recherche d'un monde meilleur, un monde proche du paradis perdu, un monde comme le paradis retrouvé.


Longtemps nous nous laisserons accompagner par Jacques Michel DUNOYER dans ces paysages imaginaires, comme dans des jardins d'Eden dont il réussit à nous faire croire que nous pourrions les mériter.

 

Olivier-Henri SAMBUCCHI
Conservateur du patrimoine
Directeur des Affaires culturelles
du Conseil général des Alpes Maritimes.