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RESTAURATION D'OEUVES D'ART

 

 

Depuis son atelier à Antibes, elle recolle les toiles déchirées, nettoie les peintures, comble les manques...

Depuis 25 ans, Sandrine Kirschten contribue à la préservation du patrimoine.

 

 

Comme une infirmière soulage ses patients, Sandrine Kirschten guérit les œuvres d’art.

Dans les traces des artistes, elle répare les peintures craquelées, les toiles trouées, les sculptures cassées depuis vingt-cinq ans.

Dans son petit atelier au 4 avenue des Frères-Olivier à Antibes, la restauratrice se penche sur un tableau du XIXe siècle munie d’un fin pinceau. 

"Vous voyez ici, le visage du chevalier a pris un coup, souffle-t-elle en examinant chaque millimètre. Il faut refaire l’œil et tout le réseau de rides autour…

Je vais me baser sur l’œil droit pour recopier."

La pression de rater son coup, de se tromper de teinte?

Elle sourit: "Je l’avais au début ou quand j’ai dû restaurer des grands noms comme Canaletto et Guardi mais aujourd’hui…

Je crois que c’est le savoir-faire. Et puis, lors de mes études, j’avais aussi fait un an de copie pour apprendre les différentes techniques de peintres."

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Une intervention invisible

Juste à côté, un tableau jauni par le temps.

"Ce sont les huiles de lin qui s’oxydent en vieillissant", explique-t-elle en trempant un morceau de coton dans un mélange de solvants dont la recette est secrète.

D’un geste délicat, minutieux et réfléchi, elle caresse la toile et les couleurs éclatent. "C’est assez bluffant, une fois nettoyées certaines pièces renvoient quelque chose de complètement différent."

L’œuvre perd-elle de la valeur si l’artisane met son empreinte sur la toile? "Non, car mon passage doit être invisible. Au contraire, il s’embellit donc prend de la valeur…

Sauf si j’ajoute un élément extérieur comme pour les rentoilages: quand il y a un trou, je suis obligée d’attacher une pièce de lin au dos."

Même si "tout est rattrapable", Sandrine l’avoue: "On a parfois des catastrophes ou des choses plus ou moins belles." Comme cette vierge brésilienne aux traits plutôt grossiers, fissurée de tous les côtés:

"Parfois les œuvres n’ont aucune valeur marchande mais la valeur sentimentale, elle, est énorme! Il y a beaucoup d’attachement."

Le prix de la restauration, lui, ne varie jamais en fonction de la renommée de l’artiste.

120 euros pour une déchirure, 370 euros pour le nettoyage d’un tableau de taille moyenne. 

"Quand je m’attaque à un tableau, je ne m’arrête pas tant que ce n’est pas parfait. Il faut beaucoup de patience…

C’est sûr, on ne fait pas ce métier pour gagner de l’argent."

Plutôt pour la passion.

Et dans la continuité d’un héritage familial: "Ma mère était antiquaire et du côté de mon père, il y a 5 générations de restaurateurs de meubles et de tapissiers, derrière moi.

On fait perpétuer le patrimoine français… C’est une certaine fierté."

 

Comment prendre soin de ses tableaux?

Freiner le vieillissement des tableaux?

C’est possible! Quelques réflexes de bases peuvent permettre de les préserver selon Sandrine Kirschten.

"D’abord, éviter de les accrocher à côté d’une cheminée car la fumée peut tacher la toile. Les sources de chaleur ont tendance à assécher et à soulever la peinture", indique la restauratrice.

La climatisation risque, a contrario, d’humidifier l’œuvre. "Pour bien vieillir, il faudrait que la peinture soit dans une pièce à 20 degrés toute l’année."

Enfin, la lumière directe est à bannir puisqu’elle risque de foncer les vernis et donc, de modifier les couleurs.